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    Qu’est-ce que l’intervention?

    L’intervention est le fait d’avoir une conversation avec une personne qui envisage le suicide, de la rencontrer au moment où elle est en situation de crise et de la soutenir pour qu’elle reste en sécurité à cet instant.

    Une personne en situation de crise suicidaire a habituellement perdu tout espoir et ne voit aucune autre solution à sa profonde souffrance psychologique que la mort. Les personnes dans cette situation décrivent le sentiment d’être submergées, coincées ou incapables de trouver une solution à leur souffrance. Elles vivent un confit intérieur (ou un sentiment d’ambivalence) : elles souhaitent vivre, mais elles désirent aussi mettre fin à leur douleur insoutenable.

    Lorsque quelqu’un tend la main à une personne qui songe au suicide, cette dernière constate que quelqu’un se soucie d’elle et que sa vie est importante. Elle n’est pas seule, et de l’aide est accessible.

    L’intervention peut être une solution durable pour certaines personnes en situation de crise suicidaire. Des études ont montré que 90 % des gens qui étaient sur le point de mettre leur plan de suicide à exécution, mais qui ont été arrêtés avant de le faire (par un passant, un agent de sécurité ou un policier) n’ont plus jamais tenté de se suicider (Seiden, 1978).

    Une autre raison qui explique que l’intervention soit si puissante réside dans le fait que les personnes qui songent au suicide ont désespérément besoin de contacts humains, et l’intervention leur donne justement ce contact. Un homme qui est mort par suicide sur le pont du Golden Gate de San Francisco a écrit ce qui suit dans sa note de suicide : « Si une seule personne me sourit, je ne sauterai pas » (Friend, 2033, p. 6).

    *Cette section expliquera comment parler à quelqu’un en situation de crise, mais elle n’enseigne pas de techniques d’intervention formelles. La Formation appliquée en techniques d’intervention face au suicide est un atelier en personne d’une durée de deux jours qui enseigne ces compétences.

    Mythes

    Parler du suicide incitera une personne à l’envisager.

    Il s’agit d’un mythe. Le fait de demander directement à une personne « Songes-tu au suicide? » diminue en fait les risques que cette dernière tente de se suicider. Poser la question permet à la personne en situation de crise de se libérer et d’exprimer ses sentiments et ses pensées. Cela lui donne la possibilité d’élargir sa vision et de voir qu’il y a des raisons de vivre.

    Les personnes qui parlent de suicide ne devraient pas être prises au sérieux.

    Il s’agit également d’un mythe. Toute personne qui parle de suicide doit être prise au sérieux et devrait être mise en contact avec les services de soutien nécessaires pour qu’elle puisse trouver de l’aide. Si vous suspectez qu’une personne vous dit qu’elle songe au suicide parce qu’elle souhaite obtenir votre attention, c’est le cas. Vous devez lui donner de l’attention et la référer à des ressources d’aide, ou la mettre en contact avec une autre personne qui peut le faire.

    Signes avant-coureurs et signes avant-coureurs graves

    Les personnes qui songent au suicide montrent généralement des signes avant-coureurs.

    Tout changement important dans le comportement peut constituer un signe avant-coureur du suicide. Nous pouvons être plus attentifs à ces signes lorsque nous sommes sensibles aux personnes qui nous entourent et lorsque nous comprenons que tout le monde peut avoir des pensées suicidaires. L’écoute active peut nous aider à reconnaître des commentaires susceptibles d’indiquer qu’une personne est en difficulté.

    Voici quelques signes avant-coureurs :

    • Affirmations révélant que la personne ressent du désespoir ou qu’elle se considère comme un fardeau
    • Menaces de suicide ou paroles indiquant le souhait de mourir*
    • Recherches de façons de mourir*
    • Tentative de suicide
    • Augmentation de la consommation de substances
    • Incapacité de trouver un sens à la vie ou une raison d’être évidente
    • Isolement social
    • Rage, colère, irritabilité
    • Imprudence
    • Changements d’humeur importants

    *Ces signes avant-coureurs indiquent un risque de suicide immédiat. Restez auprès de la personne qui montre ces signes et mettez-la en contact avec une ressource d’aide. Au Canada, appelez la ligne d’écoute téléphonique du Service canadien de prévention du suicide au 1-833-456-4566.
    (American Association of Suicidology, s.d.)

    Comment parler à une personne qui envisage le suicide

    Individuellement, nous pouvons créer un espace sûr par une conversation ouverte et sans jugement, et un questionnement en douceur amenant les personnes à partager et à exprimer leurs émotions. Nous pouvons également prendre régulièrement de leurs nouvelles pour avoir une conversation et établir des liens sociaux solides.

    Si une personne que vous connaissez présente des signes avant-coureurs, ayez une conversation ouverte et sans jugement avec elle. Vous pouvez commencer la conversation en mentionnant vos inquiétudes : « Je n’ai pas eu beaucoup de tes nouvelles ces derniers jours. Est-ce que tout va bien? ».

    Entretenez la conversation en posant des questions, et écoutez ce que la personne vous dit. Vous n’avez pas à proposer de solutions.

    Si vous avez encore des inquiétudes, demandez-lui directement : « Songes-tu au suicide? ». Si elle répond oui, ne paniquez pas. Faites-lui savoir que vous êtes là pour elle, et aidez-la à accéder à des services de soutien en matière de santé mentale, notamment en appelant la ligne de crise au 1 833 456-4566.

    Être en mesure de reconnaître les signes avant-coureurs demande une profonde transformation de la façon dont nous avons appris à interagir avec les autres. Nous apprenons rarement à développer la capacité d’être suffisamment présents avec ceux qui nous entourent, ceux que nous voyons tous les jours, pour reconnaître un changement de comportement. Bien souvent, nous n’apprenons pas à parler de nos émotions, et encore moins de celles des autres, si bien qu’il peut être très difficile d’entamer une conversation avec une personne pour laquelle nous sommes inquiets. Enfin, mettre cette personne en contact avec de l’aide et la soutenir tout au long de son parcours, si vous choisissez de le faire, peut être épuisant et effrayant. Toutefois, ce soutien peut sauver et transformer des vies.

    Sentiment d’ambivalence

    People who are considering suicide want to die to end their pain, but the fact is that they are still alive: there is another part of them that wants desperately to live – this duality is ‘ambivalence’ (Bergmans et al., 2017).

    Les personnes qui songent au suicide veulent mourir pour mettre fin à leur souffrance, mais le fait est qu’elles sont encore en vie : une autre part d’elles veut désespérément vivre. Cette dualité est « l’ambivalence ». (Bergmans et al., 2017)

    Lorsque vous intervenez auprès d’une personne, concentrez-vous sur cette part qui veut vivre : Quelle est sa raison de vivre? Comment fait-elle face à la situation? Comment a-t-elle surmonté la tempête jusqu’à présent? Discuter de ces questions avec la personne en situation de crise l’aide à se sortir de cet état, et alors elle peut être mise en contact avec du soutien supplémentaire, et un plan de sécurité peut être créé.

    Il est préférable de planifier la sécurité après un moment de crise, une fois que tout le monde a retrouvé son calme. La planification de la sécurité contribue à soutenir et à guider la personne afin d’éviter qu’une situation de crise suicidaire intense ne se reproduise.

    Pratiques exemplaires

    Services de soutien spécialisé

    Les services de soutien spécialisé prennent la forme d’activités qui aident directement une personne qui envisage le suicide. Ce soutien peut être assuré par un éventail d’aidants, notamment des professionnels, des bénévoles qualifiés et des pairs formés, et dans divers contextes comme les services des urgences, les soins hospitaliers et de cliniques externes, et les organismes communautaires. Les groupes de soutien et les pratiques d’autoassistance jouent également un rôle. La coordination des systèmes et l’accès aux services sont essentiels. Voici certains exemples de services de soutien spécialisés :

    Les lignes d’écoute téléphonique offrent un accès gratuit, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à des répondants formés qui tendent une oreille attentive en période de crise. À eux seuls, ces services peuvent sauver des vies : une personne en crise ne peut pas rester indéfiniment dans cet état intensifié. Le fait d’avoir un espace où elle peut parler de ce qu’elle vit est souvent suffisant pour préserver sa sécurité dans l’immédiat. Les répondants peuvent aussi entreprendre la création d’un plan de sécurité avec la personne et la mettre en contact avec d’autres ressources d’aide communautaires (Centre de prévention du suicide, 2018). En outre, les répondants évaluent le risque de suicide immédiat et envoient les services d’urgence lorsque nécessaire.

    Parlons Suicide 1-833-456-4566parlonssuicide.ca
    Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être 1-855-242-3310 espoirpourlemieuxetre.ca
    Jeunesse, J’écoute 1-800-668-6868 jeunessejecoute.ca

    Au sein de nombreuses communautés, les hôpitaux jouent un rôle central dans les soins médicaux. Les services des urgences offrent des interventions brèves et rapides en situation de crise. Le fait de se présenter au service des urgences n’entraîne pas nécessairement l’admission en milieu hospitalier, et ce dernier n’est pas toujours le cadre approprié pour une personne qui envisage le suicide. Il est donc important que les hôpitaux soient connectés aux soins communautaires afin d’assurer des transitions en douceur pour les personnes en crise (Centre de prévention du suicide, 2017).

    Formations et réseaux

    Il est pertinent pour les personnes jouant différents rôles dans une communauté de posséder divers niveaux de formation à la prévention du suicide. La formation n’est pas exclusive aux fournisseurs de soins professionnels. Elle contribue à éliminer la stigmatisation. Elle donne aux gens le langage et les connaissances pour parler du suicide. Elle peut créer un filet de sécurité bienveillant parmi les aidants.

    Habituellement, les travailleurs sociaux, les premiers répondants, les travailleurs de la santé, les enseignants et d’autres professionnels en relation d’aide reçoivent un certain niveau de formation en matière de prévention du suicide. Toutefois, tout le monde peut apprendre à reconnaître et à soutenir une personne qui envisage le suicide.

    La formation axée sur les compétences est efficace pour la prévention du suicide, car elle permet aux membres de la communauté de reconnaître une personne qui pense au suicide et de lui tendre la main. Il existe de nombreux niveaux de formation, depuis les modules d’apprentissage en ligne d’une heure qui enseignent à reconnaître les signes avant-coureurs et à engager la conversation, jusqu’aux ateliers de deux jours qui forment les participants à intervenir auprès d’une personne qui pense activement au suicide, voire qui fait une tentative de suicide.

    La formation est une composante essentielle d’une stratégie plus large de prévention du suicide comprenant d’autres pratiques exemplaires; l’efficacité de la formation est limitée lorsqu’elle est la seule pratique mise en œuvre.

    • Centre de prévention du suicide
    Ateliers (en anglais)
    suicideinfo.ca/training

    Les personnes qui envisagent le suicide présentent des signes avant-coureurs ou tendent des perches pour recevoir de l’aide. Habituellement, ces signes sont communiqués à des personnes en qui elles ont confiance; des gens qu’ils côtoient dans leur vie. Les personnes sont plus enclines à se tourner vers des amis ou des collègues lorsqu’elles ont des difficultés plutôt que vers des professionnels. Si nous voyons un ami qui vit des difficultés, savons-nous quoi faire?

    La formation de sentinelle fournit aux gens les compétences et les connaissances nécessaires pour reconnaître une personne qui envisage de se suicider, et la mettre en contact avec de l’aide. Toute personne ayant la volonté et la capacité d’aider peut être une sentinelle.

    Les sentinelles communautaires sont des personnes comme les premiers répondants, les travailleurs sociaux, les travailleurs de la santé et les enseignants, qui voient régulièrement de nombreuses personnes, notamment celles qui envisagent le suicide.

    Des études ont montré que les formations de sentinelles contribuent efficacement à la prévention du suicide (Shannonhouse et al., 2017; Coleman et Del Quest, 2015; Gould et al., 2003).

    La grande majorité des personnes qui meurent par suicide consultent un médecin dans l’année qui précède leur décès, et plus de la moitié dans le mois qui précède (Gould et al., 2003). La formation des médecins de première ligne est essentielle. Ce type de formation est axé sur la reconnaissance du risque suicidaire chez un patient, sans égard au motif de consultation ayant mené au rendez-vous. Elle vise également à éliminer la stigmatisation dans le milieu des soins et à donner confiance aux médecins pour qu’ils puissent discuter du suicide avec leurs patients. Enfin, cette formation donne aux médecins les moyens d’orienter le patient vers un soutien et des soins de suivi (Centre de prévention du suicide, 2017; Centre de prévention du suicide, 2016).

    Suicide : Confronter ensemble ce sujet sensible
    Modules Web destinés aux professionnels de la santé
    Visiter le site Web

    L’évaluation du risque suicidaire est utilisée dans les milieux cliniques afin de cibler les personnes susceptibles d’envisager le suicide. Les méthodes d’évaluation comprennent des questionnaires à propos des pensées et des comportements suicidaires ainsi que des facteurs de risque. En fonction des résultats de l’évaluation, les participants sont mis en relation avec des services de soutien supplémentaires.

    Trousse d’évaluation du risque suicidaire
    Consulter le document

    suicidaires afin de l’aider à éviter une crise suicidaire intense. Toute personne ayant une relation de confiance avec la personne en situation de crise peut l’aider à rédiger un plan de sécurité. Il n’est pas nécessaire que l’aidant soit un professionnel dans le domaine.

    Lors de l’élaboration du plan, la personne qui a des pensées suicidaires détermine les éléments suivants :

    • ses signes avant-coureurs personnels;
    • les stratégies d’adaptation qui ont fonctionné pour elle dans le passé ou les stratégies qui, selon elle, pourraient fonctionner à l’avenir;
    • les personnes qui sont des sources de soutien dans sa vie (amis, famille, professionnels, intervenant en cas de crise);
    • les mesures à prendre pour éliminer les moyens de se suicider de son environnement;
    • ses raisons personnelles de vivre, ou les choses qui l’aident à rester en vie.

    Un plan de sécurité est rédigé alors que la personne ne ressent pas de pensées suicidaires intenses. Il peut être écrit après une crise suicidaire, mais pas pendant.

    Les forces et les habiletés uniques de la personne ainsi que les gens qui lui apportent du soutien sont précisés dans le plan afin qu’elle puisse s’y appuyer lorsqu’elle fait face à des pensées suicidaires intenses.

    Références

    American Association of Suicidology. (s. d.). Warning signs. Repéré à https://suicidology.org/resources/warning-signs/

    Bergmans, Y., Gordon, E. et Eynan, R. (2017). Surviving moment to moment: The experience of living in a state of ambivalence for those with recurrent suicide attempts. Psychology and Psychotherapy: Theory, Research and Practice, 90(4), 633-648.

    Centre de prévention du suicide. (2018). A caring conversation: What suicide prevention can look like. Repéré à https://www.suicideinfo.ca/resource/caring-conversation-suicide-prevention/

    Centre de prévention du suicide. (2017). Aiming for perfection: The zero suicide movement. Repéré à https://www.suicideinfo.ca/resource/ie23-aiming-perfection-zero-suicide-movement/

    Centre de prévention du suicide. (2016). What does successful recovery look like?  Repéré à https://www.suicideinfo.ca/resource/recovery-suicide/

    Coleman, D. et Del Quest, A. (2015). Science from Evaluation: Testing Hypotheses about Differential Effects of Three Youth-Focused Suicide Prevention Trainings. Social Work in Public Health, 30(2), 117-128.

    Friend, T. (2003). Jumpers: The fatal grandeur of the Golden Gate Bridge. New Yorker. Repéré à https://www.newyorker.com/magazine/2003/10/13/jumpers

    Gould, M. S., Greenberg, T. E. D., Velting, D. M. et Shaffer, D. (2003). Youth suicide risk and preventive interventions: a review of the past 10 years. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 42(4), 386-405

    Seiden, R. (1978). Where are they now? A follow-up study of suicide attempters from the Golden Gate Bridge. Suicide and Life-Threatening Behavior, 8(4), 203-216.

    Shannonhouse, L., Yung-Wei, D., Shaw, K., Wanna, R. et Porter, M. (2017). Suicide intervention training for college staff: Program evaluation and intervention skill measurement. Journal of American College Health.